Vérité
En ce soir j'ai un petit moral. Une impression de fin du monde me monte à la gorge pour la serrer et rester là comme une conne.
Le monde s'écroule dans un bruit de fureur. Assad massacre tranquillement son peuple, mais a-t-il un autre choix que celui de mourir lui même?
Le système capitaliste financier fini de mettre le monde à genoux et les agences de notation font les matamores en voulant enseigner les vertus de la bonne gestion au monde entier. Le pays de Socrate est mis à sac par la pensée de Séguéla en attendant que l’Europe entière bascule dans une misère noire.
Il est où le p’tit père Auriol qui disait en 1936, alors secrétaire d'état de Léon Blum
« Les banques je les ferme, les banquiers je les enferme ».
http://fr.wikipedia.org/wiki/Vincent_Auriol
Tu vois j’ai jamais eu la fibre de gauche. Je suis même un libéral dans l’âme mais quand je parle de l’âme, je parle de celle de ce capitalisme qui faisait des riches mais donnait aussi du travail aux populations. Cette espèce de capitalisme raisonné, de batisseurs, de créateurs, de fonceurs d'entrepreneurs bref qui est en fait le seul vrai.
Quoi qu’on puisse en penser, tout le monde n’a pas l’envie ou la possibilité de faire la même chose. Tout le monde ne peut pas prendre le risque de créer sa boîte et d’y passer l’énergie de malade que cela nécessite. Bien sur tu vas me casser mes vielles roupignoles (comme disait Brel) avec ces fils de famille qui n’ont jamais rien fait d’autre qu’hériter la boîte de Papa. Oui bon et alors en quoi ca te dérange. Le papa a bossé comme une bourrique et il laisse l’affaire à ses mômes (Qui parfois la massacrent en deux générations) moi ça m’empêche pas de dormir à la condition que nous ayons tous les mêmes chances au départ. Bon OK la plupart des polytechniciens sont issus de familles de polytechniciens, idem pour normal sup et on connait aussi des dynasties de fonctionnaires, de postiers de cheminots. Encore une fois Et ALORS !! Qu’est ce que tu peux bien en avoir à foutre si t’es heureux comme ça. MAIS
Ca suppose que :
- Encore une fois nous ayons tous les mêmes chances au départ (Donc déjà tu oublie car la génétique est ainsi faite que certains naissent avec des prédispositions que n’ont pas les autres. Tiens essaye de faire un général de parachutistes avec un asthmatique… ! J’en sais quelque chose)
- Que chacun d’entre nous, au delà de bosser pour sa gueule, ait un minimum de conscience « civique » et se demande à chaque instant en quoi il peut bien servir la communauté (Il fut un temps ou l’on appelait ça la PATRIE. Mais rien qu’en le disant comme ça, tu vas me taxer, au mieux, de vieux con et au pire de Frontiste. Alors comme nous sommes dans une époque ou il faut être communautariste pour faire joli je parle communauté, comme ça je fais plus jeune con) Montesquieu appelait cela la VERTU.
- Que chacun se sente utile dans son rôle et ait le droit d’être considéré comme tel, un paysan vaut bien un ministre. Et comme le disait le héros du film « Mon oncle Benjamin » avec Jacques Brel « Le Roi peut bien faire douze marquis aujourd’hui, je le mets au défi de faire un seul médecin »
Je sais, ça fait finalement beaucoup et je ne vis plus dans le monde des Bizounours mais bordel quand même qui sont ces banquiers à cravates (mais y en a-t-il d’autres), suffisamment arrogants et finalement stupides pour scier la branche sur laquelle ils sont assis. Mon patron disait il y a quelques jours… « A quoi sert de voyager dans une cabine de première classe sur le Titanic » Et qui sont ces politiciens frileux qui reculent les échéances alors que le temps et l’arithmétique sont têtus… !! Ou sont le courage et l’abnégation. Certes, celui qui aurait eu le courage de dire la vérité et de faire ce qu’il faut il y a vingt ans ne ferait plus parti du paysage politique depuis longtemps, Raymond Barre ou le grand Mr Seguin (Philippe, pas celui de la chèvre) en savaient quelque chose car au fond les électeurs aiment qu’on leur chante la petite chanson du « Tout va très bien madame la marquise ». Dans ce domaine, comme le chantait Guy Béart « Le premier qui dit la vérité : Il doit être exécuté »
Bref, ce soir je suis triste. Je lisais récemment cette phrase de Henri de Montherlant
« Avec l’âge, la révolte se transforme en tristesse ». Sans doute est-ce la tristesse d’avoir laissé passer sa chance de changer le monde. D’avoir trop eu la tête dans le guidon pour regarder autour et se mettre à gueuler quand il était temps. Je sais, cette forme de révolte adolescente à cinquante ans est facile et finalement stérile, mais que veux-tu que je te dise ?
Cela me rappelle cette soirée d'angoisse quand une nuit d'été torride avec mon pote, nous étions partis dormir dans les bois non loin des crêtes dans nos montagnes adorées. Une tempête monstrueuse s'est déclenchée comme cela arrive parfois à la fin de l’été.
- Des gouttes énormes et tièdes se sont misent à tomber en bombardement. On se serait cru à Dresde.
- La foudre à commencé à frapper comme une dingue, on se serait cru à Verdun.
- Puis le vent s'est déchainé on se serait cru à Hiroshima.
Les gouttent claquaient comme des balles de mitrailleuses, la foudre pilonnaient les arbres alentour et le vent hurlait. Tout cela ensemble on se serait cru à Dien Bien Phu.
Un vrai scénario de fin du monde éclairé par les flashs psychédéliques des éclairs fous. On entendait les arbres s'écraser autour de nous, d'autres vrillaient dans un hurlement, tordus par le vent. D'autre enfin explosaient littéralement sous les coups de la foudre.
Nous deux, assis l'un contre l'autre, au bord de l'abime, nous nous sommes regardé bien en face. Nous nous sommes encore plus serrés épaule contre épaule sous la même toile cirée et lui est parti d'un de ces rires de géants dont il avait le secret et qui dépassait, et de loin, le bruit de la tornade. Je ne voyais plus que ses immenses dents de cheval brillantes dans les éclairs et moi aussi je suis parti d'un éclat de rire et tout deux avons été pris d'un de ces fous rires dantesques qui scellaient notre amitié depuis tant d'années. Nous étions l'image même de cette parole de PASCAL dans ses pensées.[N°179]
"L’homme n’est qu’un roseau le plus faible de la nature ; mais c’est un roseau pensant. Il ne faut pas que l’univers entier s’arme pour l’écraser. Une vapeur, une goutte d’eau suffit pour le tuer. Mais quand l’univers l’écraserait, l’homme serait encore plus noble que ce qui le tue ; parce qu’il sait qu’il meurt ; et l’avantage que l’univers a sur lui, l’univers n’en sait rien.".
Cette nuit là, tu peux le remarquer, nous ne somme pas morts. Du moins moi je suis encore là pour en parler même si lui ne le peut plus. Mais nous avons appris une chose importante dans cette tourmente.
Tu vois mon lecteur, si toutefois tu es là, j'aimerai bien que tu comprennes tout seul. Alors, imagine toi sur cette crête, dans cette tempête et demande toi, à quoi tu aurais pensé, toi. Mais sache que quelle que soit la pensée qui te serait venu dans cet instant, celui-ci restera gravé dans ton esprit comme l'un des moments les plus précieux de ta vie pour la profondeur incroyable d'humanité vraie qu'il t'aura fait toucher du doigt.
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