Crier Pleurer Penser un monde meilleur

Le 26 Oct 2013 17h et des brouettes chez moi qu'est as chez toi

C’était ki celui-là

Bon voilà. Si tu ne me connais pas, ce que je vais écrire ici va te sembler super banal et tu ne vas pas te sentir concerné. Alors si tu veux coche la petite croix en haut à droite.

Je serai pas fâché.

Si tu me connais, alors ça va te sembler bien triste et tu vas décrocher ton téléphone pour m’appeler.

Mais t’inquiètes. Je vais bien !!  Pas de problème. Sauf que cette nuit j’ai pas trop dormi. Et quand je dors mal ou pas du tout, j’ai le cerveau qui déraille. Je veux dire qu’il m’emmène là où je veux pas trop aller. Mais au fond, il faut bien aller un jour.

Tu sais, il y a un âge ou tu te dis comme ça, en passant, que ce que tu considérais comme une hypothèse lointaine se rapproche immanquablement. Pas plus triste que ça, mais bon voilà tu y penses.

Moi je vois ça plutôt comme une borne dans le futur. Comme un bateau qui apparait doucement à l’horizon et que tu distingues de mieux en mieux.

Alors je pense à ceux qui ont pris le bateau avant moi. Et en particulier cette nuit, un qui a trouvé le moyen de partir un jour de grand froid. En plein hiver, par un jour de neige alors que moi j’étais à l’autre bout de la France.

C’est con à y penser on s’est même pas dit au revoir. Et le truc encore plus con c’est qu’en y réfléchissant bien, nous ne sommes plus que trois à nous rappeler de lui. Ma mère, mon frère et moi.

Comme je te l’ai dit il y a longtemps, j’ai plein de petits à moi, ici, là-bas, ou ailleurs. Mais seuls les deux plus grands ont pu croiser son chemin terrestre. Et comme ils étaient vraiment tout petits, forcément ils ne peuvent pas se rappeler.

C’est comme ça qu’on disparait vraiment d’ici. Quand plus personne ne se souvient de toi.

Qu’est-ce qu’il pouvait bien avoir dans la tête ? Lui et moi, je sais qu’on s’est adoré, surtout après son départ d’ailleurs, mais dans tout le temps qu’on a passé l’un à côté de l’autre, avons-nous seulement échangé 25 mots ?

Des fois je regarde sa photo, sur la commode du salon. Il était dur dehors doux dedans. Mais putain. Il pensait quoi et c’est quoi qu’il m’a pas dit et qui me fait aussi mal dedans.

Est-ce que s’il me l’avait dit j’aurai moins mal ?

Est-ce qu’il y a un truc que j’ai oublié de dire à mes petits à moi ?

Tu sais c’est parce qu’il m’a jamais rien dit que j’ai tellement parlé à mes petits. J’ai essayé de rien leur dire en leur disant tout… Je sais c’est un peu compliqué. La volonté était de leur dire comment penser et pas quoi penser ? Ça c’est leur affaire !!

Je pense si souvent à lui après tout ce temps. Putain  presque trente ans. Exactement 9.779 jours.

C’est long sans lui.

J’aimerai bien qu’il me dise si j’avais raison ou tord….

Maintenant faut que je le démerde tout seul.

C’est quand le prochain bateau ?

Papa