Crier Pleurer Penser un monde meilleur

Crier Pleurer Penser un monde meilleur

je suis étonné que tu sois étonné

Tu sais, depuis le début de ce blog, je prends les choses un peu à la rigolade, un peu cynique, un peu ironique, un peu seulement. Car, enfin, tu l’as peut-être compris entre les lignes, je ne veux que dire avec humour, du moins je veux le croire, ce qui me blesse ou m’interroge profondément.

 

Je crois qu’il y a assez de mecs bien plus brillants et instruits que moi qui font des papiers sérieux dans des journaux sérieux et qui sont lus sérieusement par des gens qui au fond  d’eux-mêmes, s’emmerdent.

 

Alors si par les hasards du net tu viens lire ma prose je ne voudrai pas que celle-ci te fasse bailler, sur la forme du moins, car sur le fond comme je te l’ai dit en ouverture de ce blog, le fond, c’est le mien, et franchement je n’ai rien à foutre que mes idées te plaisent ou non. J’essaye de m’en tenir à une stricte honnêteté sur les faits, pour les interprétations, si t’es pas d’accord avec moi, ou tu supportes et tu te dis « Mais enfin Charles Edouard  pourquoi ce gueux dit-il cela ? » ou alors, tu vois, sur ton navigateur la petite croix qui permet de fermer le site et bien tu cliques dessus et tu te casses.

 

Bon, voila, maintenant nous sommes entre nous, ou alors je suis entre moi, mais comme le dit la sagesse populaire, il vaut mieux être seul que mal accompagné.

 

Je ne sais pas si tu as remarqué, si tu as lu d’autres articles sur mon blog, mais alors là, je suis très sérieux. Je dirais même que j’ai pas du tout envie de rigoler. C’est pas que je sois en boule ou énervé, en tout cas pas plus que d’habitude, mais je me sens tout drôle. J’ai l’impression que le monde devient stupide ou que sa stupidité plonge vers des abimes abyssaux (Tu vois comme moi aussi je parle bien !).

 

Alors comme l’indique le titre de cet article la meilleure façon de décrire mon état est de dire que je suis étonné que vous soyez étonnés. Mais de quoi me diras-tu ?

 

Le printemps, en plus des hirondelles et les allergies, nous a apporté les révolutions Arabes. Et voilà qu’une fois remis de sa stupeur, le monde occidental de se réjouir et feindre de découvrir que  « Ben oui, ces types ne sont pas très nets ». Je parle de Moubarak, Ben Ali et Kadhafi, mais j’y reviendrai. Une fois passé le moment de stupeur disais-je, et après pas mal d’atermoiements,  (parles en à Alliot-Marie)  vous voilà comme un seul homme, philosophe de charme en tête à chanter les louanges de ces sans-culottes du 21em siècle et même. Et en Libye même d’y aller à coup de Mirages, de Rafales et de Charles de Gaulle (Je parle du porte avion pas du général bien sur) histoire de faire rendre gorge à ce zozo qui nous a salopé le jardin des invalides avec sa tente de Bédouin la dernière fois qu’il est passé faire coucou à son pote à L’Elysée. Remarque, ça fait de la pub pour le Rafales de fois que les Brésiliens décident un jour de nous en acheter.

 

Bon voila donc trois révolution rondement menées, on a foutu les tyrans dehors ou un peu assassiné - faut ce qui faut – et voila que ces malotrus, à peine libres, vous envoient dans la gueule une constitution dont la base sera la charia, ça c’est pour la Libye, et pour la Tunisie, l’élection directe au parlement  du parti Islamiste Ennahdha. Et toi, tout étonné tu tombes sur le cul en poussant par voie de presse des cris de vierge effarouchée.  Et c’est pas fini, reste encore l’Egypte dont il ne fait aucun mystère qu’elle va tomber dans l’escarcelle des Frères Musulmans, sauf coup d’état des militaires et l’Algérie, la grande malade des 30 dernières années et qui peut basculer à tout instant dans une violence insensée. Reste le Maroc qui semble s’ébrouer doucement et aller posément vers le progrès institutionnel, progrès qui se fera très certainement sous la gouvernance du Parti Justice et Développement, prônant un islamisme modéré.

 

Et toi tu trembles de rage en criant au voleur. On t’a volé leur révolution. Mais qu’est ce que tu croyais ? Qu’une fois libre ils allaient voter pour l’UMP ou pour Melluche ? Et c’est là que je suis étonné que tu sois étonné.

 

Bon maintenant, soyons sérieux, prends un verre d’eau, pose toi et voyons ça ensemble. Tu sais, pour voter ou se doter d’une constitution ou les deux, il faut avoir le choix et l’argument du choix. Le choix : c’est facile. En Tunisie, les citoyens se sont vu offrir plus de 1200 formations politiques pour lesquelles voter. Tiens même toi je vais te mettre à l’épreuve. Commande ce que tu veux manger.

 

1-     סטייק פלפל עם השבבים שלו

2-     Перчивший бифштекс

3-     Steak au poivre avec ses frittes

4-     そのチップスでステーキにコショウを振りかけました

5-     الإنسان كل ما لديه (لها)

 

Ca y est t’as voté. Je pari que t’as pris le steak au poivre, normal j’aurais fait pareil. Quand je voyage dans des patelins pas possibles, au restaurant je prends ce qu’il me semble reconnaitre ou alors je vais chez McDo , j’aime pas mais, bon !! En fait, c’est la même chose dans les autres lignes mais en Hébreux, en Russe, en Japonais et en Arabe. Je ne prétends rien sur la qualité des traductions ça vient brut de fonderie de Reverso.

http://www.reverso.net/text_translation.aspx?lang=FR

 

Chez nous, nous avons des siècles de culture politique sur laquelle nous appuyer au moment des choix, quoi que, parfois, je me demande à quoi cela peut bien servir d’avoir eu Voltaire, Montesquieu, Rousseau et compagnie. Dans ces pays pétris d’ignorance, d’illettrisme, de misère souvent, sur quoi veux-tu que les citoyens se basent pour voter ? Back to basics. L’Islam est la seule chose qu’ils aient en commun, quand ils ont appris à lire c’est souvent dans le coran. Leurs parents et eux même baignent dans une société bercée par les cinq prières journalières là ou la séparation du politique et du spirituel n’est même pas envisageable.

 

Il nous a fallu plus de cent ans pour digérer la réforme du petit père Combes, la séparation de l’église et de l’état, et à l’heure de digérer le voile dans nos lycées nous sommes tellement peu surs de nous que nous ressemblons plus à des poules ayant trouvé un couteau.

 

Un autre aspect de la chose, et du choix est choisir entre quels modèles? Entre une société traditionnelle basée sur le spirituel (quoi que l’on puisse en penser par ailleurs) et un modèle occidental à bout de souffle, en panne spirituelle, morale et économique. Pas terrible comme choix, non? Bien sur, il faut impérativement éviter qu’un autre Ahmadinejad ne s’installe où que ce soit. Mais rappelle toi quand même que le régime qui a accouché de ce malade a été installé avec notre bienveillance. De la même façon les peuples Européens sont sans doute prêts à se battre pour faire tomber le magnifique modèle ultralibérale. Alors tu vois ? Les choses sont finalement d’une simplicité biblique… Ou Coranique !! C’est selon. Et finalement qu’est ce qui t’étonne, à part d’être étonné.

 

J'accuse

 

Je crois, pour finir qu’aujourd’hui, un peuple qui se révolte a le choix, pour la suite, entre la peste et le choléra. Tout, absolument tout a été essayé sauf l’anarchie dont il n'est pas souhaitable qu'elle soit essayée, cela déboucherait sur une catastrophe. Et à chaque fois, même si cela semble marcher pendant quelques années, arrive un connard certain d’avoir super plus raison que les autres et qui commence à vouloir les convaincre à grand coup de bottes ferrées dans le cul. Aujourd’hui en occident ce n’est pas quelqu'un en particulier mais une chose appelé le marché qui,appuyé sur la cupidité de quelques uns, botte le cul des peuples à grand coups de misère à venir.

 

Pour moi l’espoir s’est définitivement éteint un certain soir au Fouquet’s et le désespoir politique prends la forme immonde d’une Rollex. Je laisse à ton attention un passage de l’esprit des lois de Monsieur de Montesquieu et dis moi un peu si ça ne te rappelle pas la situation d’aujourd’hui.

 

«

Quand Sylla voulut rendre à Rome la liberté, elle ne put plus la recevoir; elle n'avait plus qu'un faible reste de vertu, et, comme elle en eut toujours moins, au lieu de se réveiller après César, Tibère, Caïus, Claude, Néron, Domitien, elle fut toujours plus esclave; tous les coups portèrent sur les tyrans, aucun sur la tyrannie.

 

Les politiques grecs, qui vivaient dans le gouvernement populaire, ne reconnais­saient d'autre force qui pût les soutenir que celle de la vertu. Ceux d'aujourd'hui ne nous parlent que de manufactures, de commerce, de finances, de richesses et de luxe même.

 

Lorsque cette vertu cesse, l'ambition entre dans les cœurs qui peuvent la recevoir, et l'avarice entre dans tous. Les désirs changent d'objets: ce qu'on aimait, on ne l'aime plus; on était libre avec les lois, on veut être libre contre elles. Chaque citoyen est com­me un esclave échappé de la maison de son maître; ce qui était maxime, on l'ap­pelle rigueur; ce qui était règle, on l'appelle gêne; ce qui y était attention, on l'appelle crainte. C'est la frugalité qui y est l'avarice, et non pas le désir d'avoir. Autre­fois le bien des particuliers faisait le trésor public; mais pour lors le trésor public devient le patrimoine des particuliers. La république est une dépouille; et sa force n'est plus que le pouvoir de quelques citoyens et la licence de tous.

 »

 

 

ceci a été écrit en 1748 et s'est fini par une révolution sanglante. Tu vois c'est pas du neuf et c'est pas dans le Figaro

 

Passe une bonne nuit



06/11/2011
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